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Comment le collectif Ibiza a piégé Darmanin

C’est l’histoire d’un tour en trois temps qu’a joué le collectif Ibiza au ministre de l’Intérieur, à Versailles, le 24 septembre dernier. Comme vous le verrez, ça ne s’est pas trop bien passé pour Gérald Darmanin. Ça change…

Il faisait doux et ensoleillé le 24 septembre dernier du côté de Versailles, lieu de la royale résidence de plusieurs rois de France. Le collectif Ibiza avait tout prévu pour son action pacifique, sauf des parapluies : et pour cause, le temps était au beau fixe. D’ailleurs, pas mal de monde avait le sourire en cette fin d’été annoncée. Surtout les dizaines de membres d’Ibiza qui avaient tout prévu pour réserver un accueil de choix à Gérald Darmanin, l’actuel ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer. Mais c’est à se demander s’il possède le sens de l’humour. En effet, l’homme politique français a menacé de porter plainte contre le collectif – comme tout le monde a pu le voir sur les réseaux sociaux. L’histoire de ce tour que lui a joué le collectif a du lui faire froid dans le dos voire donné des sueurs froides. Je vous raconte le pourquoi du comment de cette opération de non-séduction – sous le signe de la contestation – qui s’est déroulée en trois phases. Action !
C’est à 16 heures qu’est arrivé le ministre de l’Intérieur pour soutenir le ministre délégué en charge de la Transition numérique Jean-Noël Barrot (Modem), dans le cadre de l’élection législative partielle dans les Yvelines. Cela s’est confirmé depuis, les clés du château étaient bien gardées : Jean-Noël Barrot a été réélu sans surprise avec 71,67 % des suffrages contre 28,33 % pour son adversaire Maïté Carrive-Bedouani (Nupes). Le député a ainsi gagné son billet retour pour l’Assemblée nationale.

Une ambiance bon enfant sous le signe du Roi-Soleil, exactement

Le collectif Ibiza était venu en force ce samedi, à l’heure du goûter. Il faut dire que, de leur côté, l’ambiance était plutôt bon enfant. En plus du temps ensoleillé, il y avait pas mal de bénévoles anonymes dispersé.e.s dans les rangs. Leur mission ? En accomplir une en trois étapes. Opération réussie.
Phase 1. Les groupes sur place, l’un d’eux s’est manifesté dès l’arrivée de Darmanin par des mines enjouées, des applaudissements, des exclamations de joie… Le ministre, l’air ravi d’avoir été attendu avec tant de ferveur, donnait alors l’impression d’humer l’air du temps et de profiter pleinement de ce moment. C’est vrai : comme accueil, c’était plutôt du genre royal ! En plus, il faisait beau au pays de la lignée des rois Louis. Alors pourquoi bouder son plaisir ? Sur les images enregistrées par le collectif, on pouvait vérifier que cet homme du gouvernement savourait l’instant présent. Il avait raison : le quatre-heures, c’est sacré. Le voilà en confiance. D’autres militant.e.s étaient présent.e.s lorsqu’il a intercédé, quelques instants plus tard, en faveur de Jean-Noël Barrot. Pendant leurs allocutions sous les barnums de location, le collectif en a profité pour s’offrir une séance photo. C’était la phase 2. Il faisait toujours beau. Mais le temps qui s’annonçait allait bientôt gâter ce charmant goûter versaillais.

Un « Calmez-vous madame, ça va bien se passer » qui ne passe pas

L’événement terminé, tout le monde s’était dispersé. Sollicité pour une photo-souvenir, Darmanin a accepté de poser tout sourire avec un jeune homme de 23 ans qui avait l’air ravi lui aussi. Ce que le ministre ignorait, c’est que Hugo portait sous sa chemise un tee-shirt blanc avec l’inscription en noir « Ça va bien se passer » et dessous « Darmanin, l’impunité en marche. » Sauf que, visiblement, ça n’est pas passé pas du tout : Darmanin a grimacé puis menacé. C’était la fin de la blague. Pourtant, il avait bien dit textuellement à la journaliste Apolline de Malherbe le 8 février dernier sur le plateau de BFMTV : « Calmez-vous madame, ça va bien se passer. » Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Enfin, pour celles et ceux qui l’ont découvert ici, le collectif Ibiza est une structure indépendante de plus de 300 bénévoles qui s’est constituée en janvier 2022. Les membres qui le composent se relaient pour mener des actions de contestation non-violentes, originales et rigolotes en rapport avec leur éthique. Elles et ils sont issu.e.s de divers courants militants et/ou politiques. Si vous souhaitez rejoindre ce mouvement ou en savoir davantage, dans les deux cas, vous le trouverez facilement sur les RS sous le nom @collectifibiza. Vous verrez : ça va bien se passer ;)
Claudine Cordani